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Articles / Histoire

La vie quotidienne des Gaulois

Source : Tout l'Univers, Hachette, n° 51, semaine du 11 au 18 octobre 1963

Si vous habitez Amiens, Reims, Soissons, Bourges, Chartres ou même Paris, vous vous êtes peut-être déjà demandé d'où venait le nom de votre ville. il vient des Ambiens, des Rèmes, des Suessions, des Bituriges, des Carnutes, des Parisii - les noms des anciennes "nations" gauloises qui les ont fondées.

La Gaule, en effet, n'était pas un pays de type moderne, avec un gouvernement central et une capitale : elle était divisée en "nations" ou "cités", indépendantes les unes des autres, mais unies entre elles par des identités de langue, de race, de moeurs, de croyances.

Répartition des nationsLe territoire de chaque "nation" était généralement délimité par des frontières naturelles : fleuves, chaînes de montagnes, forêts ou marécages. Les plus grandes s'étendaient sur trois ou quatre départements actuels ; les plus petits en représenteraient aujourd'hui le quart.

On a évalué à 10 ou 15 millions d'habitants la population totale de la Gaule à l'époque de l'invasion romaine. Quoique chaque région ait eu son caractère propre, nous pouvons cependant décrire la vie des Gaulois dans ses traits communs à toutes les "nations".

La famille Gauloise

Chaque nation se compose de plusieurs tribus ; la tribu est un groupement d'un certain nombre de familles. La famille est donc la cellule de base de la société gauloise.

Le père exerce une autorité absolue sur sa femme et sur ses enfants ; il a le droit de vie et de mort. Mais il les aime avec un grand attachement, comme le prouve le serment que font les cavaliers avant d'aller au combat. En effet, si ceux-ci n'arrivent pas à traverser deux fois les rangs ennemis, il renonce à "ce qu'ils ont de plus cher au monde" : leur famille.

Le mariage est une institution rituelle, dont on ignore malheureusement les cérémonies et les formules. Le Gaulois est monogame, c'est-à-dire qu'il n'a qu'une seule épouse. Au moment du mariage, la femme apporte une dot que le mari double d'un bien égal, et ce patrimoine inaliénable reste la propriété commune des époux : après la mort de l'un, il est transmit entièrement à l'autre.

La famille habite une maison faite de bois et de torchis. Souvent ronde, avec un trou au milieu pour laisser passer la fumée de la cheminée ; les riches ont des maisons de plusieurs pièces. Tous cependant dorment sur des tapis ou des fourrures. Au mur, on accroche les têtes des adversaires vaincus aux combats, dans la croyance superstitieuse d'acquérir ainsi la force de l'ennemi tué.

Les Gaulois sont propres et bien vêtus, car ils se préocupent beaucoup des soins corporels, ils n'ont pas peur de se baigner ; ils se servent d'une sorte de savon, et se lavent souvent les cheveux avec de l'eau de chaux pour les décolorer. Les hommes ont des cheveux longs, flottant sur les épaules ou relevés en touffes sur la tête et de grandes moustaches pendantes ; mais ils n'ont point de barbe. Quoiqu'on les imagine toujours très blonds, il en est parmi eux beaucoup de bruns, surtout dans le Sud.

La noblesse et le peuple

A part les esclaves, les Gaulois sont répartis en deux classes : la noblesse et le peuple.

La première est formée des anciennes familles et des riches, la seconde des hommes de guerre, des artisans et des paysans. En général, les gens du peuple se déplacent sous la protection d'un noble qu'ils s'engagent à servir fidèlement, mais qui les défend en cas de danger. Plus un noble à d'hommes à son service, plus il est influent.

Au banquet, les serviteurs et les écuyers des nobles se tiennent derrière eux ; les Gaulois ont en effet le sens de la hiérarchie et aiment le protocole. Les convives s'assoivent autour d'une table basse, et mangent de la viande, du poisson, du pain, des fruits. Ils boivent de la bière et du miel dilué dans de l'eau. Le vin est peu connu, ou même proscrit; il est considéré comme un luxe rafiné, qui amolit le caractère.

Les festins finissent souvent par des rixes. Les Gaulois, farouches et impulsifs, aiment beaucoup se vanter ; ils font des concours de récit prouvant leur bravoure, qui les poussent à de véritables batailles pour des questions d'honneur.

Les Gaulois en temps de paix

Les familles regroupées forment des tribus, ce qui correspond à peu près à nos communes. Chaque tribu a un territoire bien délimité, des chefs reconnus, une unité de vue en matière politique, et religieuse ; les dieux d'une tribu peuvent différer de ceux des tribus voisines.

Des paysans

Les Gaulois s'adonnent surtout à l'agriculture ; le blé et l'orge occupent la plupart des champs cultivés.

Les Gaulois ont inventé la charrue

César, pendant ses campagnes, trouvera toujours sur place de quoi nourrir ses troupes. L'élevage est aussi très répandu ; les "nations" sont fières d'avoir une nombreuse cavalerie guerrière. La chasse et la pêche donnent des ressources abondantes. Certaines tribus travaillent les métaux : cuivre, bronze et fer.

Il existe de nombreuses voies de communications et on y circule facilement. Plusieurs fleuves : la Loire, la Seine, le Rhone, l'Allier sont traversés de ponts. Cela permet un commerce intense : on peut faire transporter les marchandises par bateau et par chariot, de la Manche à la Méditérannée en 30 jours, soit à la moyenne de 30 kilomètres par jour.

Les Gaulois ayant compris rapidement que les échanges sont rendus plus faciles par l'emploi de la monnaie, en fabriquent en quantité. Leurs pièces, sans aucune valeur artistique, sont différentes selon les tribus, d'où de nombreuses variétés.

La peinture ou la sculpture n'existe pratiquement pas, mais : armes, boucles, agrafes, colliers, bracelets, vases, etc. sont de beaux objets. Presque rien ne nous est resté de leur architecture : les Gaulois, excellent bâtisseurs, avec du bois, dédaignaient la pierre, et n'ont pas fait de constructions durables. Seules les enceintes des places fortes, solides et bien agencées, sont des vestiges qui demeurent encore de nos jours.

Les Gaulois et la guerre

L'armée gauloise comprend la cavalerie, formée des nobles, et l'infanterie, composée du peuple. La cavalerie est l'arme par excellence ; elle charge à toute allure pour rompre les lignes ennemies. L'infanterie est armée de piques, d'épées, de boucliers, d'arcs et de frondes ; elle se bat au corps à corps.

Les guerriers sont courageux et méprisent la mort. Leurs moeurs sont dures : avant de partir en campagne, ils offrent aux dieux des sacrifices humains, pour attirer leur faveur ; selon le dieu vénéré, les victimes sont pendues, brûlées, noyées ou crucifiées. Après la victoire, les vaincus sont décapités sur le champ de bataille, ou emmenés comme esclaves.

L'ardeur guerrière des Gaulois les poussa à déborder de tous côtés leur contrée : ils se répandirent en Angleterre, en Espagne, en Europe orientale, en Italie du Nord (où ils fondèrent la Gaule Cisalpine) et arrivèrent jusqu'à Rome, qu'ils sacagèrent.

Farouches et courageux, les Gaulois n'avaient pas de discipline et n'étaient jamais d'accord entre eux. Ils furent ainsi incapables, lorsque César arriva à la tête de ses légions, de résister en bloc à l'invasion romaine : leur désunion fut la cause de leur défaite.

Dieux et druides

Les dieux des gaulois sont nombreux et mêlés à tous les phénomènes de la nature, parfois même à un lieu, à une source, à une forêt. Ils participent à tous les moments de l'existence : la naissance, le mariage, la maladie, la chasse, la guerre ; tous les faits ou activités sont mis sous la protestion d'une divinité.

Les Gaulois croient à l'immortalité de l'âme : pour eux, la vie continue au-delà de la mort, sur des terres fabuleuses, où les guerriers pourront s'adonner à d'autres exploits héroïques.

Les prêtres sont des druides, qui forment une classe sociale à part, dotée de pouvoir et d'influence. Ils sont en relation avec les puissances invisibles, parlent en leur nom, connaissent des paroles magiques et des incantations.

Une fois par an, les druides de toutes les cités se réunissent dans un leiu spécialement consacré, situé au pays des Carnutes ; ils s'assoient autour du grand prêtre, et, après avoir offert des sacrifices solennels, forment un tribunal qui juge les meurtres et les questions d'héritage ou de propriété. Leurs sentences sont accompagnées de menaces de bannissement ; si le coupable ne se soumet pas, il sera maudit à jamais chez tous les peuples, tenu pour impie et scélérat, on le fuira comme un paria, aucune justice ne lui sera due.

L'amour du pays

Les Gaulois sont entrés dans l'histoire comme un peuple valeureux. Ils ont eu surtout - et au plus haut degré - l'amour de leur terre, la Gaule ; ils ont transmis cet amour à leurs descendants : les Français.

L'enseignement chez les Gaulois

Dans les tribus, les druides sont les éducateurs de la jeunesse : ils enseignent le droit, les traditions épiques, l'histoire des dieux, l'art d'interpréter les présages.

Leurs élèves sont des novices qui leur succéderont plus tard, et aussi des fils de grandes familles, puisque les nobles seuls sont admis à cet enseignement. Les jeunes restent de longues années en compagnie du maître, qui les initie à toutes les sciences. Ils ne savent pas écrire, et doivent tout apprendre par coeur.

Les druides enseignent aussi les vertus et les normes de la moralité pour former les futurs chefs, qui devront être braves et loyaux. Une seule sentence de leur enseignement nous est parvenue : "révérer les dieux, ne rien faire de mal, et s'endurcir au courage".

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